"Maison de santé" à la gare
Dépassements d’honoraires, inégalités territoriales d’accès aux soins permises par la liberté d’installation, déserts médicaux à côté de territoires surmédicalisés, notre système de santé ne se porte pas bien.
Les médecins libéraux qui prennent leur retraite ont les plus grandes difficultés à trouver des remplaçants désireux de s’installer sur Bagnères et la Haute Bigorre, comme dans de nombreux autres lieux sur le pays. Déjà, beaucoup de patients et de familles ont le plus grand mal à trouver un médecin traitant. Nous n’avons déjà plus de gynécologue, de pédiatre, d’ophtalmologue de proximité…
Face à la baisse du nombre de médecins sur Bagnères et pour éviter que le territoire ne se transforme en « désert médical », l’équipe municipale a choisi de réhabiliter la gare SNCF pour y accueillir « une maison médicale ».
L’idée de départ est bonne. Des maisons de santé pluri-professionnelles (MSP) portées par des municipalités et soutenues par l’ARS (Agence Régionale de Santé) (aide au projet, conseils, juridique, financement…) existent et doivent répondre à un cahier des charges précis en cohérence avec le Schéma Régional d’Offre des Soins. Elles ont pour objectifs d’être un lieu de prise en charge la plus globale possible des patients (en liaison avec l’hôpital), d’assurer la continuité des soins, de former de nouveaux médecins…. Or, il apparaîtrait que les médecins n’ont pas souhaité la mise en place d’un tel dispositif.
La « maison de santé » que projette l’équipe municipale, consistera en réalité, à louer la gare à des médecins généralistes pour y installer leurs cabinets privés, regroupés dans un bâtiment historique, réhabilité aux frais de la collectivité, c'est-à-dire avec les impôts locaux. A la lecture des journaux locaux, nous apprenons que les médecins susceptibles de s’installer dans le bâtiment de la gare, sont déjà installés sur la ville de Bagnères, et pour trois d’entre eux, déjà en fin de carrière.
De plus, rien ne nous garantit que les stagiaires en médecine générale, susceptibles de venir se former dans « ce centre médical », souhaiteront ensuite venir s’installer sur la ville.
Si ce projet est maintenu en l’état, il ne s’agirait ni plus, ni moins, que d’un regroupement de professionnels de santé, dans un local public, avec l’aval de l’équipe municipale dirigeante, pour permettre à certains médecins de la commune de disposer d’un cabinet médical, bien placé, répondant aux nouvelles normes handicapés en vigueur et disposant de parkings.
Cependant, l’équipe municipale ayant choisi cette voie plutôt que de travailler sur un réel projet de maison de santé, en liaison avec l’Agence Régionale de Santé, ceci au niveau de l’intercommunalité, il nous semble nécessaire de mettre en place un cahier des charges contraignant avec quelques points incontournables : tiers payant obligatoire, continuité des soins de ville et organisation de gardes de week-end et de nuit, permanences de spécialistes qui manquent drastiquement sur la ville (gynécologue, pédiatre, ophtalmologue) afin de mettre en place une structure qui réponde véritablement aux besoins de la population.